L’autre jour, en discutant avec un jeune professionnel, j’ai mentionné un événement marquant qui avait façonné ma vision du monde du travail.
Sa réponse ? “Ah, mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, c’est différent.”
J’ai souri. Parce que oui, tout évolue.
Mais quelque chose dans son ton m’a interpellée : ce n’était pas seulement un constat du changement, c’était une coupure nette.
Comme si ce qui était arrivé avant n’avait plus aucune valeur, aucune leçon à offrir.
J’ai repensé à ces conversations où l’on balaie d’un revers de main les expériences passées avec un “C’était une autre époque.”
Il y a toujours eu un écart entre les générations…
Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est un fossé qui se creuse.
Dans la culture : ce qui n’est pas “actuel” est jugé dépassé, sans intérêt. L’histoire s’efface, et avec elle, nos repères.
Dans le travail : l’expérience n’est plus perçue comme un atout, une richesse à transmettre, mais plutôt comme un frein à contourner.
Dans la société : vieillir devient presque un désavantage, alors que c’est justement avec le temps qu’on devient porteur d’expériences et de sens.
Cette rupture ne nous rend pas plus libres.
Elle nous rend plus fragiles.
Parce qu’oublier d’où l’on vient, c’est accepter d’être déconnecté de tout ce qui nous a précédés… et risquer de répéter les mêmes erreurs.
Et si, au lieu de voir le passé comme un fardeau, on le considérait comme un appui, une base?
Pas pour s’y accrocher. Mais pour s’en inspirer.
Pas pour imiter, mais pour comprendre.
Parce qu’un avenir sans mémoire, c’est un présent sans racines.
Fervemment,
Alessandra