La reconnaissance au travail, une immaturité futile ou un besoin essentiel?

Je me fais souvent  poser la question : « La reconnaissance au travail est-elle vraiment importante? » … Et lorsque je réponds ‘’Oui’’ – les commentaires ressemblent souvent à : ‘’Euh… mais ce sont des adultes, ce n’est pas une garderie ici. Mes employés ne devraient pas toujours avoir besoin de la petite tape dans le dos ou de la carotte pour faire leur travail!’’

Et c’est justement à cause de cette perception que le besoin de reconnaissance passe pour une immaturité futile, un caprice … et pourtant, la reconnaissance professionnelle est une préoccupation grandissante dans les organisations et l’une des valeurs qui compte le plus ici au Québec.

Tout être humain a besoin de reconnaissance – elle est fondamentale tant pour la survie et la réussite des organisations que pour l’employé.

De plus en plus, on observe des burnout, surmenage, épuisement professionnel, dépression et crise d’anxiété, ou tout simplement une résistance au changement ou une apathie vis-à-vis des tâches à exécuter ou envers l’employeur. Ce phénomène, qui prend de l’ampleur dans le monde du travail actuel, est un symptôme d’une négligence des organisations à  prévoir le bien-être psychologique et la motivation de son capital humain. 

La reconnaissance au travail, en agissant comme levier à la motivation, contribue directement à la satisfaction des besoins psychologiques du travailleur qui, en retour, contribue à son bien-être psychologique.

Satisfaction des besoins psychologiques au travail

Compte tenu du caractère essentiel de la satisfaction des besoins psychologique à la motivation et au bien-être psychologique des individus, il est primordial de s’intéresser aux processus favorisant cette satisfaction.

L’individu a le besoin :

  • d’autonomie au travail –  de sentir qu’il est maître de ses actions, qu’il peut choisir librement un comportement à adopter, congrûment selon  ses valeurs personnelles.
  • de compétence au travail -  qui fait référence à la confiance que l’individu éprouve envers ses capacités et à ses habiletés. Il a besoin de se sentir  compétent à l’égard des tâches ou des mandats professionnels qui lui sont confiés; il doit percevoir qu’il possède les habiletés et les aptitudes nécessaires à la réalisation de ceux-ci.
  • d’appartenance sociale au travail – se référant principalement aux relations et aux contacts interpersonnels. L’individu a besoin d’établir et de maintenir des relations interpersonnelles satisfaisantes et sécurisantes avec les membres de son organisation.  Il établit des liens relationnels significatifs avec ses collègues, ses supérieurs, ses clients, etc.

La satisfaction de ces besoins psychologiques fondamentaux interfère directement sur le niveau de motivation et amène l’individu à s’actualiser et à ressentir un bien-être psychologique et physique. Le travailleur est alors plus motivé et éprouve un certain plaisir ou du moins, un certain intérêt face à son travail.

Les besoins psychologiques des travailleurs peuvent notamment être comblés en adoptant un  programme de reconnaissance en milieu organisationnel.

La reconnaissance vient confirmer l’importance de chaque employé au sein de l’organisation, de même que son utilité et la pertinence de sa contribution à l’atteinte des objectifs organisationnels.

Le caractère positif de la reconnaissance en tant que source de motivation, de satisfaction  et de sens au travail, opère comme un agent de développement des personnes et comme un facteur dynamique dans les relations interpersonnelles. Elle est également une source de mobilisation et d’engagement organisationnel.

La performance humaine est influencée  par l’obtention de récompenses. Le travailleur qui reçoit de la reconnaissance est en mesure de percevoir un équilibre entre les efforts qu’il dispense au travail et les bénéfices qu’il en retire subséquemment.

Ces récompenses peuvent être soit d’ordre matériel ou monétaire, ou se réfèrent à la satisfaction et à l’intérêt que l’employé porte à son travail. Une combinaison judicieuse de ces récompenses détermine le niveau de satisfaction du travailleur face à son travail.

La reconnaissance peut se définir en termes :

  • D’estime et de soutien de la part du supérieur ou des collègues de travail,
  • D’adéquation du salaire, de possibilité de promotion et de sécurité d’emploi,
  • En mettant en valeur l’intégrité, le professionnalisme et l’expertise,
  • En donnant une rétroaction positive sur le travail réalisé,
  • En offrant des choix réels à ses employés,
  • En encourageant les prises d’initiatives personnelles,
  • En évitant d’imposer des contraintes variées et superficielles,
  • En favorisant la participation aux décisions tout en donnant une idée claire des limites à respecter,
  • En offrant des conditions d’emploi personnalisées (Horaire flexible, télétravail, possibilité de semaine comprimée, banque de congés flottants, accumulation d’heures supplémentaires, etc),
  •  …

Un programme de reconnaissance devrait avoir pour objectif d’amener les travailleurs à se sentir autonomes, compétents et intégrés socialement au sein de l’organisation.  Ceci est possible en mettant l’emphase sur l’application quotidienne des pratiques de reconnaissance et aurait pour conséquence d’humaniser les processus de gestion des personnes.

La reconnaissance favorise la satisfaction des besoins psychologiques des travailleurs et constitue un facteur de résistance au stress (élément clé permettant aux travailleurs de faire face aux situations professionnelles complexes et difficiles). Étant donné les caractéristiques du contexte organisationnel en constant changement, la reconnaissance au travail ne devrait plus être perçue comme une immaturité futile, mais bien comme un besoin essentiel permettant un équilibre entre l’efficacité organisationnelle et le bien-être des travailleurs.

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