Trucs & Astuces #565 - Le succès

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Le succès réel et durable

On peut comparer la course au succès au tir dans un kiosque de foire. Chaque fois que vous réussissez à toucher une cible, cinq autres surgissent d’une direction différente. L’objectif étant à peine atteint, nous ressentons l’obligation de travailler plus fort pour gagner plus d’argent, faire un effort plus grand et posséder plus de gadgets. L’ambition tenace constitue un excellent moyen pour atteindre certains buts, mais est-ce là la vraie réussite?

La plupart des gens supposent qu’il faut adopter l’approche du « le plus fort l’empoche » pour réussir. Ils croient qu’il faut pouvoir mettre toutes ses énergies dans l’atteinte d’un but unique. Pourtant, aussi noble soit ce but, il ne peut pas satisfaire tous les besoins et les désirs complexes d’une personne. Il en va de même des buts d’une entreprise.

Heureusement, il est possible de concevoir le succès autrement que comme un souk à la corde unidimensionnel entre la réussite et le bonheur. Développés adéquatement, votre conception d’une qualité de vie personnelle et vos idéaux sociaux peuvent devenir des facteurs de succès puissants et gérables.

Qu’est-ce que le succès durable?

Le succès réel et durable, c’est quand le fait d’obtenir ce que vous vouliez apporte des fruits durables à vous et à ceux que vous aimez. Ce type de conquête procure un sentiment de légitimité et d’importance, ainsi qu’une satisfaction qui perdure au-delà des fruits éphémères que sont un boni, un prix ou une promotion. Un succès durable renouvelle vos forces émotionnelles, il n’entraîne pas un surcroît d’anxiété.

Le succès dans toute sa complexité

Le succès, c’est bien plus qu’une course effrénée jusqu’au fil d’arrivée. Les chercheurs ont identifié quatre composantes irréductibles du succès durable :

  • le bonheur (des sentiments de plaisir et de contentement relatifs à votre vie);
  • la réussite (des accomplissements qui soutiennent la comparaison à des buts semblables recherchés par d’autres personnes);
  • la portée (le sentiment que vos actions ont un impact positif sur ceux que vous aimez);
  • l’héritage (une manière d’implanter vos valeurs ou vos accomplissements, afin d’aider les autres à connaître du succès dans l’avenir).

Ces quatre catégories constituent la structure fondamentale de ce que les gens cherchent à obtenir par la course au succès. Retirez l’un de ces éléments et ce succès n’est plus ressenti comme étant « réel ».

À moins de frapper régulièrement des cibles dans ces quatre catégories, aucun gain isolé ne sera satisfaisant. Vous ressentirez ce que l’on nomme le « facteur de la moue » : vous savez que vous faites ce qu’il faut faire, mais vous le ressentez tout de même comme un échec. Votre esprit est préoccupé par les autres choses que vous pourriez faire ou obtenir. Vos réussites et vos plaisirs s’estompent presque immédiatement. En comparaison, le succès qui englobe les quatre types d’accomplissements est enrichissant; il perdure.

Pour atteindre le succès durable, il est essentiel de savoir associer ses attentes à la bonne catégorie. Si vous vous attendez à trouver principalement votre bonheur dans la compétition (une compétence de réussite), vous deviendrez probablement quelqu’un d’intolérable, autant pour vous que pour les autres, et vous vous demanderez pourquoi le succès vous a rendu si seul. Les gens qui disent avoir de la difficulté à définir les bons objectifs pour leur entreprise ou pour eux-mêmes sont souvent coincés dans de telles disparités.

Ceux et celles qui connaissent un succès satisfaisant, durable et pluridimensionnel ont recherché consciemment des victoires dans les quatre catégories, sans perdre de vue leurs valeurs et leurs talents. Ces gens semblent avoir compris intuitivement le paradoxe que nous avons découvert au cœur du succès durable : pour obtenir plus de victoires sur les diverses mesures importantes qui constituent votre conception d’une bonne qualité de vie, votre succès doit s’appuyer sur un paradigme de limites dans chacune des activités, au nom du tout. En d’autres mots, votre succès doit s’appuyer sur « la poursuite raisonnable de ce qui suffit ».

Ce principe va à l’encontre de la croyance populaire qui veut que le succès consiste à faire fi des limites, à en avoir plus, à être plus, à en faire plus. Nos recherches démontrent que les gens importants qui ont goûté à la satisfaction réelle et complète l’ont fait grâce à l’imposition volontaire de limites.

Les personnes particulièrement douées pour sélectionner les cibles qui produiront les fruits les plus durables partagent deux traits communs. Premièrement, elles conçoivent le succès comme une expérience d’accomplissement vaste et dynamique, qui tient compte des quatre catégories. Elles n’attribuent pas leur succès à un seul événement ou même à un seul aspect de leur vie. Deuxièmement, leurs exemples concrets de ce qu’elles considèrent comme des succès « réels » englobent des accomplissements d’importances très diverses. Ces gens ne se fixent pas les buts les plus élevés dans chaque catégorie; certains buts sont à petite échelle, alors que d’autres demandent un effort soutenu. Le principe fondamental qu’appliquent ces gens n’est pas la quantité d’activités ou de récompenses dans une catégorie donnée, mais l’obtention d’un mélange bien dosé des quatre catégories. Ce principe est à la portée de tous; il suffit d’élargir son schème de pensée pour comprendre la dynamique des quatre catégories.

Obtenir « ce qui suffit »

En portant attention aux quatre catégories et à leurs interrelations, vous pouvez augmenter les chances qu’une activité puisse vous satisfaire à plus d’un degré, que ce soit au travail, dans vos temps libres ou dans une autre facette de votre vie. Ceux et celles qui réussissent le mieux sont capables d’accomplir de grandes choses, pour eux-mêmes et pour les autres, parce qu’ils reconnaissent qu’ils poursuivent des buts multiples essentiels à leur conception du succès réel et parce qu’ils s’investissent à fond dans les activités dans lesquelles ils s’impliquent. Ils se concentrent sur une seule tâche, mais sont capables de modifier la portée de leur attention et de leurs énergies émotionnelles à la vitesse de l’éclair, lorsque d’autres besoins deviennent urgents. Au lieu d’être déçus de n’avoir pu tout avoir, ils sont ravivés par la poursuite du cycle d’attention à chaque catégorie.

Comment savoir quand il est temps d’arrêter de travailler dans une catégorie et de porter votre attention sur une autre? C’est ici que le concept du « ce qui suffit » prend toute son importance. Généralement, le sens que l’on donne à « ce qui suffit » ne traduit pas tout son potentiel. On utilise couramment le verbe « suffire » pour exprimer une insatisfaction, comme dans « Ça suffit! J’en ai assez! », ou comme substitut à la médiocrité ou à la passivité, comme dans « Si je peux être heureux chaque jour, cela me suffit ». Nous donnons ici à « ce qui suffit » ou « suffisant » un autre sens, plus près de sa définition principale : présent en une quantité ou une qualité qui satisfait à la demande ou aux besoins. Si vous possédez une solide vue d’ensemble de votre kaléidoscope du succès, il vous sera plus facile de déterminer et d’apprécier « ce qui suffit » dans une activité donnée. Vous pourrez vous fixer des buts réalistes, sans pour autant perdre vos aspirations. « Ce qui suffit » constitue l’antidote à la dépendance de notre société au « toujours plus ». Vu de la sorte, ce concept devient un outil pour faire les choix qui vous permettront de faire et d’obtenir plus, pas moins, grâce à l’atteinte de la satisfaction dans plus de facettes de votre vie.

Références :
Harvard Business School Publishing. Success that Lasts par Laura Nash et Howard Stevenson (Business Administration, Harvard Business School).

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